Étiquette : Joe Bousquet

Les faits innocents

Joe Bousquet : « Les faits les plus innocents (…) paraissent se subordonner à des relations souterraines dont notre âme aurait fourni le tracé ».

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l’œil brisé regarde l’œil encore…

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Il faudrait du temps et encore du temps ajouté au temps
l’œil brisé regarde l’œil et encore l’œil plus loin que l’œil de l’aigle ou du serpent
du temps ajouté au temps 
l’œil dans l’œil du serpent 

nos âmes dépositaires 

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éviter la nuit 
changer la couleur des signes
déchirer les nuages
tendre la main au visible 

dans la cornue agiter la formule 

-o-

écrire des silences
déborder d’encre 
laisser les mots libres de s’avancer jusqu’au bord de la feuille
petits soldats bons pour 
le crépitement de la mitraille 
les crachats du silence 

le canon dans les marges

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déborder d’encre 
et dans l’attente d’aubes
écouter la vague 
ressasser le ressac 
comme on boit l’eau des mots
comme on pend les mots
à l’arbre de l’oubli

jeu amer 

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-o-

Il voulut 
épouser le sauvage
changer la couleur des nuages
tendre la main au signe

malaxer la glaise du temps 

du temps encore 
ajouté au temps

l’œil 
regardant l’œil
aigle ou serpent

avancer d’ombre

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Les faits, écrit encore Bousquet, « nous font douter de notre raison ».

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Il voulut
noter l’inexprimable
fouiller les souterrains de l’âme

déborder d’encre

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il faudrait du temps moulu au grain des jours
pour retenir les traits de son visage
tant il va au silence

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les dessus de porte, décors, (…) enluminures

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je me vantais de posséder les paysages

les dessus de porte, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures, la littérature passée de mode, le latin d’église, les livres érotiques, les romans à l’eau de rose, les contes de fée, la veillée des chaumières, les opéras de Mozart, la dérive des continents

je croyais aux raretés de la peinture et de la poésie moderne
aux refrains naïfs
aux enchantements

je rêvais Commune, feu, révolutions
je pensais voyelles – A noir, E blanc etc… – formules, impairs et décasyllabes, 

pour en finir avec
le jeu amer
je cacherai les verbes

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pas d’illumination
ni de lumière

aux âmes souterraines
les faits innocents

nos mains aveugles vont
tâtonnant dans la nuit

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Ce texte a été composé dans la compagnie de : Joe Bousquet, Le meneur de lune, éditions Albin Michel ; Arthur Rimbaud, Alchimie du Verbe, extrait de Une saison en enfer, éditions Garnier-Flammarion.

10-15 mai 2023

Le journal d’avril 2023

Cahier bleu, premier matin & Résistances

samedi29

S’approcher un peu chaque soir du mystère des langues.

Pause poétique – Exposition photographique de Jaume Saïs – Espace des arts du Boulou.

Rendez-vous avec le bruissant. Nous sommes quelques-uns, à la tombée du jour, autour de Jaume Saïs pour le finissage de son exposition photographique à l’Espace des arts du Boulou. On y entend des voix poétiques qui toutes explorent des confins. André Robèr lit un poème ad libitum, Didier Manyach des extraits de son dernier recueil, La semence des racines, aux éditions Paraules. « Tout brûle & s’annule dans un lit de fougères ». On y entend les voix si rares d’Edouard Jean Maunik et d’Alain Borne. 

Pere Figueres nous fait l’heureuse surprise de ses chansons. De son dernier disque, Vora vosaltres, la magnifique Vine amb mi. « Vine amb mi / i per la passejada / potser farem estada / a la vora del cami » (Viens avec moi / et en nous promenant / si tu veux nous ferons une pause / au bord du chemin). 

Ces moments partagés de pauses poétiques – de pauésie – si loin des confusions du temps, je les ressens toujours comme un premier matin.

(A lire aussi : Cinq poèmes d’Alain Borne dans l’Anthologie / L’exposition Rendez-vous avec le bruissant dans le Note-Book)

vendredi28 

Le 15 novembre 1924, Joe Bousquet force les portes de la littérature. Dans un cahier, il écrit : « Ce cahier bleu ne doit me servir qu’à transporter véritablement mes pensées sous mon regard (…) La condition de sa qualité, c’est qu’il soit voué aux flammes. » Bousquet, comme Kafka, pensait-il brûler les cahiers dans lesquels il allait chaque jour, chaque nuit, porter ses pensées sous son regard ? Quelques lignes plus loin, il s’interroge : « Tout ce que j’y publierai ne sera-t-il pas illisible ? ». 

En 1924, Joe Bousquet n’a encore rien publié. Son premier texte consacré au poète François-Paul Alibert ne paraîtra qu’en octobre 1925 dans la Nouvelle Revue du Midi

En 1924, Joe Bousquet lutte contre une paralysie que les médecins ne pensent pas encore irréversible. Croit-il en sa guérison ? A 22 ans, il façonne l’écrivain qu’il va devenir. Mais, déjà là, dans le cahier bleu : son écriture à nulle autre pareille. Une écriture au bord du lisible. 

mardi25

J’écoute la musique comme je lis, par affinités électives, disques et livres dont les conversations secrètes dessinent un chemin. J’aime ces ponts imaginaires, ces liens que tissent l’intelligence et la sensibilité des écritures. Ces correspondances, pour le dire avec le mot de Baudelaire. 

Ce matin, par un de ces enchaînements enchanteurs, je découvre le compositeur allemand Robert Franz (1815-1892). La fiche Wikipedia de ce musicien est squelettique. J’y apprends que sa vocation suscite l’hostilité familiale. Qu’il devient sourd à 26 ans (c’est un an plus tôt que Beethoven). Que des désordres nerveux entravent sa carrière. Qu’il a malgré tout composé une quantité significative de lieder.

Le 21 septembre 1992 à l’observatoire Karl-Schwarzshild de Tautenburg, charmant bourg de Thuringe situé à une dizaine de kilomètres d’Iéna, deux astronomes allemands, Freimut Börngen et Lutz Dieter Schmadel, découvrent un astéroïde dans la région du Système solaire située entre les orbites de Mars et Jupiter, connue des spécialistes sous le nom de ceinture principale. Cet objet céleste dont l’orbite se caractérise par un demi-grand axe de 3,00 UA, une excentricité de 0,06 et une inclinaison de 10,9° par rapport à l’écliptique, a été baptisé (10116)Robertfranz en l’honneur du compositeur. 

Désormais, quand je regarderai le ciel… 

vendredi21

La « robe » de détenue de Louisette Carreras, résistante perpignanaise déportée à Ravensbrück.

Préfecture des Pyrénées-Orientales
Quai Sadi Carnot – Perpignan

Francine Sabaté était employée à la préfecture des Pyrénées-Orientales. Son engagement politique au Parti communiste, elle le vit en famille avec sa mère Joséphine et sa sœur Odette. Dès 1936, les trois femmes prennent fait et cause pour les Républicains espagnols.

Au printemps 1939, c’est la tragédie de la Retirada. Quelques mois plus tard, un décret-loi interdit le Parti communiste français. S’ouvre une longue période de travail clandestin. Pour Francine à la préfecture. Pour Odette au central téléphonique de la Poste. Le foyer familial devient un refuge pour les guérilleros espagnols et ceux qui ont combattu à leurs côtés. Puis arrivent les premiers résistants fuyant la répression allemande, les pilotes anglais tentant de regagner leurs unités via l’Espagne…

Francine fabrique de faux-papiers grâce à des tampons et documents officiels  subtilisés à la préfecture. Chez les Sabaté, on tire aussi des tracts. On met la main à l’édition clandestine du Travailleur Catalan, l’hebdomadaire des communistes des Pyrénées-Orientales. A partir de fin 1942, les trois femmes entrent dans la lutte armée.

Le 15 juin 1943, Joséphine, Odette et Francine sont arrêtées par la section spéciale de la police de Vichy. Odette s’évade et continuera le combat jusqu’à la Libération. Francine et sa mère sont jugées le 31 janvier 1944 à Montpellier. Emprisonnées d’abord à Perpignan puis successivement à Montpellier, Pau, Lyon et Chalons-sur-Saône, elles sont internées au fort de Romainville avant d’être livrées à la Gestapo. Le sinistre voyage se termine le 14 mai à Ravensbrück. Le 29 mars 1945, Joséphine Sabaté part pour le convoi des « sacrifiées ». Francine est épuisée. Elle meurt à l’âge de 25 ans, le 25 avril 1945, tandis que les troupes soviétiques libèrent le camp.

Pendant l’hommage à Francine Sabaté.

Cet après-midi, à l’initiative de Femmes solidaires 66, des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et du Préfet des Pyrénées-Orientales, un hommage est rendu à Francine Sabaté dans le hall d’accueil de la préfecture. Une plaque y rappelle l’engagement républicain et antifasciste de cette jeune fonctionnaire réfractaire à l’Etat français et sa collaboration au nazisme. 

jeudi 20 avril

Arte TV diffuse la série documentaire en quatre épisodes de Patrick Rotman intitulée Résistances.

Le propos du documentariste consiste à montrer que la Résistance ne fut pas un bloc monolithique homogène. Il parle donc de Résistances au pluriel. Au commencement, des réseaux disséminés sur tout le territoire national travaillent chacun de leur côté, jusqu’à ce que Jean Moulin entreprenne de fédérer ces entités éparses dont les visées politiques n’étaient pas toujours convergentes, en une seule organisation, le Conseil de la Résistance et sa branche militaire, l’Armée secrète. Rien que ne sache déjà qui s’intéresse tant soit peu à la période.

Pour décrire cette diversité, le réalisateur suit les trajectoires d’acteurs choisis pour la place centrale que certains occupèrent dans les mouvements et pour d’autres, leur dévouement anonyme et désintéressé à la libération de la France. 

Ce dispositif narratif, servi par un remarquable montage de documents d’archives complétés par des dessins d’animation quand il s’agit de faire récit de moments non documentés, aiguise la curiosité. On ressort hélas déçu de ces quatre heures somme toute assez scolaires. Ne prenant appui que sur les événements les plus connus, le film n’entre pas plus avant dans les ressorts intimes qui poussèrent tant de femmes et d’hommes à dire non et ce faisant, apportèrent un démenti cinglant à la fatalité de l’histoire. 

« Unissez-vous dans l’action »

Appel de Charles Tillon
17 juin 1940

(capture d’écran)

Le rôle des communistes est réduit à sa plus maigre expression. On n’échappe pas à la « neutralité bienveillante » du Parti, moins muselé pourtant par le pacte germano-soviétique que par son passage contraint dans la clandestinité après que fût prononcée son interdiction par décret-loi le 26 septembre 1939. On sait aujourd’hui qu’à titre individuel, de nombreux communistes entrèrent en résistance dès les premières heures sans attendre les ordres de personne, encore moins de Moscou. 

Tout aussi décevant de la part d’un documentariste réputé pour la rigueur de ses enquêtes, Patrick Rotman passe sous silence l’appel du 17 juin 1940 rédigé par Charles Tillon sous forme de tract encarté dans des journaux bordelais. « Unissez-vous dans l’action ! », concluait alors sans ambigüité le dirigeant communiste.

Rien non plus sur le rôle des intellectuels et des poètes unis dans la lutte malgré, parfois, leurs divergences politiques : Robert Desnos mort du typhus à Theresienstadt le 8 juin 1945, Louis Aragon et sa « langue d’évasion », Pierre Seghers et sa revue Poésie 40, Max-Pol Fouchet et la revue Fontaine, Paul Eluard et son poème Liberté, Robert Rius et le groupe de La main à plume…

Missak Manoukian – parce que l’Affiche rouge – et le colonel Rol-Tanguy qui dirigea depuis son QG souterrain la libération de Paris, échappent d’un coup d’œil furtif à cette lecture pour le moins superficielle du rôle que joua dans les mouvements de résistance à leurs commencements puis dans la Résistance organisée, le Parti des fusillés.

 

lundi17

20 heures – Rien.

dimanche16

Lu la préface d’Androula Michaël au volume des Poèmes en langue française de Picasso paru au Cherche Midi. 

Lorsqu’il se met à l’écriture en 1935, Picasso, âgé de cinquante quatre ans, traverse une crise. Il commence une nouvelle vie après sa séparation d’avec Olga et se dit « prêt à tout abandonner, la peinture, la sculpture, la gravure et la poésie pour se consacrer entièrement au chant ». 

La poésie, finalement, est plus forte que la tentation du renoncement. Entre 1935 et 1936, l’écriture devient une activité majeure dans le quotidien de l’artiste qui, en pleine « réorientation de son travail plastique », a remisé pour un temps ses pinceaux. Il écrit presque tous les jours. En français et en espagnol. Ses poèmes portent comme titre la date de leur composition. Il y en aura trois cent-cinquante jusqu’en 1959 – pour ceux recensés à ce jour dans des collections diverses. 

Picasso prend très au sérieux cette affaire d’écriture qui, dans une certaine mesure, le sauve. Il accorde un soin particulier à ce travail. Il met au net les esquisses sur un luxueux papier d’Arches, le même qu’il utilise pour ses dessins. Il recopie les poèmes à l’encre de Chine ou aux crayons de couleur. Trait mallarméen : dans la manière de disposer les textes sur la page, il se montre sensible à la spatialité de l’écrit. « Il compose visuellement ».

Son premier poème, Picasso l’écrit en espagnol le 18 avril 1935. C’est un long texte en prose qui commence ainsi : « si yo fuera afuera las fieras vendrian a comer en mis manos y mi cuarto apareceria sino fuera de mi… » (si j’allais dehors les fauves viendraient manger dans ma main et ma chambre n’en apparaîtrait que hors de moi…)

Sources : Picasso, Poèmes, Le Cherche Midi 2005 ; Picasso, Ecrits (1935-1959), Quarto Gallimard 2021. 

samedi15

Au point de rencontre que des camarades et moi-même animions ce matin sur la place de la République à l’heure du marché, cette dame charmante qui m’encourage à ne pas abandonner la lutte et qui dans le même temps me vante à l’oreille les mérites de son veuvage. Elle n’est plus contrainte de faire ni lessive ni vaisselle pour son mari défunt.

vendredi14

Rassemblement devant la Préfecture.


Quai Sadi Carnot – Perpignan

Triple peine infligée ce soir comme une gifle aux opposants à la réforme des retraites. Le Conseil constitutionnel valide le projet de loi, censure les rares articles du texte à caractère un tant soit peu social et rejette l’organisation d’un référendum d’initiative partagée qui aurait donné la parole au peuple bâillonné afin qu’il décide lui-même de son avenir. Puis comme un assommoir : la loi est promulguée dans les heures qui suivent la décision des « Sages ». La violence d’Etat ne se connaît plus de limite.  

jeudi 13

Après une interruption de plusieurs mois, la tournée mondiale Rough and Rowdy Ways de Bob Dylan se poursuit au Japon. Ordinairement, il ne change rien à sa setlist. Le concert est rôdé et ne varie pas d’un iota. Mais à Tokyo hier soir, à la surprise générale, il a dérogé à la règle en interprétant la chanson Truckin’, clin d’œil au groupe Greateful Dead avec qui Dylan avait effectué une tournée en 1987 et enregistré un album deux ans plus tard. Tout de suite, la « dylanosphère » s’agite et questionne le sens de l’insertion de ce titre dans un set ne souffrant jusqu’ici aucune dérogation. 

Composée par Jerry Garcia, Bob Weir et Phil Lesh sur des paroles de Robert Hunter, Truckin’ clôt American Beauty, l’album culte de Greateful Dead sorti en 1970. Elle a été classée trésor national en 1997 par la United States Library of Congress. 

La chanson raconte un improbable road trip passant par New York, Chicago, Detroit, Dallas, Houston et Buffalo, sur fond de livraison de drogue dans un hôtel de New Orleans. Elle est célèbre pour son vers devenu un classique : « What a long strange trip it’s been » (Quel long et étrange voyage cela a été). « Une idée qui parle à tout le monde », écrit Dylan qui consacre un chapitre à Truckin’ dans son livre Philosophie de la chanson moderne. « Les paroles se télescopent mais le sens reste clair », acquiesce-t-il. « Celui qui chante ici, parle et agit comme celui qu’il est, pas comme les autres voudraient qu’il le fasse ». Très dylanien, au fond.

M’intrigue tout de même ce mystérieux personnage, do-dah man, dont il est question au début de la chanson et que je ne quitte pas des yeux tant il me semble l’avoir déjà croisé. Un sosie du Mister Jones de Ballad of a thin man

Source : Bob Dylan, Philosophie de la chanson moderne, Fayard (2022).

Manifestation contre la réforme des retraites

Place des Victoires – Perpignan

Moins de monde que d’habitude à la manifestation de ce matin. On ne peut pourtant pas dire que la détermination faiblit. Chacun est suspendu à la décision que doit prendre demain le Conseil constitutionnel. Validera-t-il le projet de loi non votée au Parlement ? La censurera-t-il ? Donnera-t-il son feu vert au référendum d’initiative partagée ? Une certaine lassitude est palpable dans le cortège. Pas désabusés les opposants mais meurtris par la violence de cette lutte. Violence de la réforme elle-même. Violence de la manière dont elle a été portée devant les députés et les sénateurs. Violence du processus parlementaire dévoyé, du débat tronqué, du mépris des syndicats et du peuple clamant son refus depuis trois mois maintenant, violence des gaz lacrymogène, des tirs de LBD, des Brav-M. La violence règne partout dans l’espace public. C’est la méthode ultime de l’Etat libéral pour imposer ses diktats. La République vacille sur ses bases démocratiques. Et cette sourde inquiétude qui monte : l’extrême-droite de plus en plus proche du pouvoir. 

Rien pourtant n’est inexorable. Il n’y a pas de fatalité dans l’histoire. 

mercredi12

Signé ce matin l’appel de soutien à la Ligue des droits de l’homme lancé par L’Humanité après la menace brandie par le ministre de l’Intérieur à son encontre. Je reprends ici la phrase prononcée par Robert Badinter lors d’une conférence donnée à Strasbourg sur La France et la Cour européenne des Droits de l’Homme : « Lorsque la France se targue d’être le pays des droits de l’homme, c’est une figure de style. Elle est la patrie de la déclaration des droits de l’homme, aller plus loin relève de la cécité historique ».   

vendredi7

Procession de la Sanch

Rue de la Barre – Perpignan

Le plus cocasse, dans la procession de la Sanch qui avait lieu cet après-midi et sur le passage de laquelle le piéton ordinaire se retrouve malgré lui projeté plusieurs siècles en arrière, est la colère de cette jeune femme coincée dans les ralentissements provoqués par le cortège et les badauds qui l’accompagnent, s’en prenant à ces manifestants contre la réforme des retraites qui décidément l’excèdent, elle qui bien sûr travaille et doit penser qu’elle est la seule à se lever chaque jour à cinq heures pendant que tous ces « fainéants de fonctionnaires » (sic) prennent un malin plaisir à la freiner dans sa marche. 

jeudi6

Ce titre à la Une du Monde daté de demain : « Manifestations : Gérald Darmanin menace de couper les subventions à la LDH ».

Chaque jour, l’atmosphère devient ici un peu plus irrespirable. Dans quel pays vivons-nous ?

mardi4

De retour à ma table de travail, « table de peine » si je parlais comme Pierre Bergounioux dans ses Carnets de notes (éditions Verdier). Ecrire est difficile. Douloureux, pour Kafka qui s’efforce un peu plus chaque nuit d’en découdre avec les pages de son journal. 

Le cours des choses peut surprendre.

« Je me voyais me voir… » – Rive de la Têt – Avenue Torcatis à Perpignan.

Tout au long de sa vie d’écriture dont l’essentiel se déroula au secret de ses cahiers, Paul Valéry a dû faire face aux attaques de ses contemporains, plus virulentes au rythme croissant de sa notoriété, de sa réception à l’Académie française à son entrée au Collège de France pour y prononcer un Cours de Poétique longtemps demeuré objet de spéculations et que le professeur de littérature comparée William Marx, lui-même titulaire d’une chaire dans cet établissement prestigieux, vient de rendre à sa réalité avec l’édition des matériaux retrouvés de cet enseignement longtemps mal connu. 

Louis Aragon n’a pas eu de mots assez durs contre la poésie de Paul Valéry dans son Traité du style paru en 1928. Il en avait été pourtant un fervent admirateur aux côtés d’André Breton – dont, pour la petite histoire, Valéry fut le témoin de mariage – dans les tout premiers temps du surréalisme. 

« … le vocabulaire abstrait de cet auteur cache surtout une escroquerie préméditée qui a réussi… », accuse Aragon qui se force à ne voir qu’un « truc » dans la célèbre formule de La Jeune Parque : « Je me voyais me voir… » Cette rupture brutale entre les surréalistes et Valéry n’est guère surprenante dans une époque de table rase littéraire où l’auteur du Cimetière marin s’offrait au sacrifice dans le rôle idéal des statues que l’on déboulonne. Pour le dire avec les mots choisis de William Marx : pour toute une génération nouvelle d’écrivains et de poètes qui se donnent alors pour tâche de changer le monde, « Valéry représente une idée de la littérature que l’on veut remplacer ». Dans le cas d’Aragon, il s’agit littéralement d’abattre. Pas de (beaux) quartiers !

« André Gide n’est ni un palefrenier ni un clown : mais un emmerdeur », lit-on dès les premières pages du Traité du style. Le reste à l’avenant. Ou presque. Parce que tout de même, ce livre provocateur ne se réduit pas aux flèches qui font mouche. On y trouve aussi de ces fulgurances qui feront d’Aragon sans conteste l’une des voix majeures de la poésie du XXe siècle. 

Sans conteste n’est peut-être pas le mot juste. J’ai côtoyé dans ma jeunesse journalistique un collègue dont j’avais découvert au hasard d’une conversation littéraire qu’il détestait Aragon. Le seul fait de prononcer son nom le mettait dans un état de fureur indescriptible au point qu’au sein de la rédaction, parler d’Aragon pour déclencher son ire était devenu un jeu. Moi qui brandissais alors Le Musée Grévin comme l’acmé de la poésie de langue française, je ne pouvais trop en vouloir à mon vieux camarade et pour cause : mélomane, il considérait le pianiste Yves Nat, de manière là encore quelque peu radicale, comme le seul interprète digne des monumentales sonates de Beethoven. Ce avec quoi j’étais alors assez d’accord.

« Oui, je lis. J’ai ce ridicule. J’aime les beaux poèmes, les vers bouleversants, et tout l’au-delà de ces vers. Je suis comme pas un sensible à ces pauvres mots merveilleux laissés dans notre nuit par quelques hommes que je n’ai pas connus. J’aime la poésie ».

Sources : Paul Valéry, Cours de poétique, édition de William Marx, Bibliothèque des idées, Gallimard, deux volumes (2023) ; William Marx, Valéry ou la Littérature, cours au Collège de France à écouter en ligne sur le site de l’établissement ; Louis Aragon, Traité du Style, L’imaginaire Gallimard (1996).

« Je voudrais savoir écrire… »

En janvier 1928, paraît à Carcassonne le premier numéro de la revue Chantiers créée par le poète Joe Bousquet et ses amis rassemblés au sein d’un groupe informel qui rejoindra bientôt l’équipe marseillaise des Cahiers du Sud

L’histoire du poème Je te l’ai dit… de Paul Eluard est intimement liée à Chantiers qui, placée d’abord sous le parrainage du « poète classique » François-Paul Alibert, Carcassonnais lui aussi et ami de Gide, ne se tourne pas moins résolument vers le surréalisme.

Je te l’ai dit… est publié en avril 1928 dans le numéro 4 de Chantiers avec deux autres textes d’Eluard, Porte comprise… et Vous êtes chez moi…, tous recueillis dans L’amour La Poésie en 1929.

Le 5 mars 1928, Paul Eluard écrit à Bousquet : « Voulez-vous choisir un ou deux ou trois poèmes parmi ceux que je vous envoie et me renvoyer les autres ? ». Dans ce courrier où il est aussi question de peinture, Eluard annonce une prochaine visite de Gala à Carcassonne, « en automne ». « Je ne joins à ma lettre qu’une photo, la forêt de Max Ernst. Voulez-vous me la retourner après l’avoir montrée à Nelli [un ami de Bousquet] pour qu’on vous envoie le tableau tout de suite ? ». 

Bousquet a possédé de nombreux tableaux de Max Ernst. Les deux hommes  sont devenus amis après qu’ils eûrent réalisé s’être trouvés face à face sur le plateau de Brenelle, à Vailly-sur-Aisne, lors de l’assaut qui a coûté au poète sa première vie. Dans son inventaire de la collection Bousquet dispersée après sa mort, Yolande Lamarin en a dénombré onze, sans compter les illustrations pour Partition, un texte de Bousquet publié en 1949 avec vingt-deux dessins et une eau-forte du peintre. La Forêt dont il est question ici est une huile sur toile de 64 x 53 cm datée de 1927. « Je devais vivre entre quatre murs fasciné, regardé par les plus beaux tableaux du monde. Les plus magnifiques de ces tableaux sont l’œuvre de Marx Ernst. Je ne connais pas de désespoir que la contemplation de ces peintures ne réussisse pas à dissiper », raconte Bousquet dans D’une autre vie, son récit autobiographique écrit pour la photographe Denise Bellon. Où il confirme avoir vu, en reproduction, ses premiers Max Ersnt par l’entremise d’Eluard. 

Paul Eluard est le premier des amis surréalistes de Bousquet. Ils avaient tous deux le visage des mains inconnues qui se lient. Témoignage poignant de cette amitié, Eluard commençait ainsi sa lettre à Bousquet du 5 mars 1928 : « Je voudrais savoir écrire pour vivre plus avec vous ». 

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Forêt de Max Ernst

huile sur toile
reproduction extraite de La chambre de Joe Bousquet

éditions André Dimanche

Les trois poèmes d’Eluard pour Chantiers

Je te l’ai dit pour les nuages
Je te l’ai dit pour l’arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l’œil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l’ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toute caresse toute confiance se survivent.

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Porte comprise
Porte facile
Une captive
Ou personne. 
Des torrents décousus
Et des vaisseaux de sable
Qui font tomber les feuilles.

La lumière et la solitude.

Ici pour nous ouvrir les yeux
Seules les cendres bougent. 

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Vous êtes chez moi. Suis-je chez moi ? 
J’ai toute la place nécessaire
Pour qu’il n’y ait pas de spectacle
Chez moi.
Ailleurs la chaîne – les anneaux respirent –
Des dormeurs
Les arcs tendus de leurs poitrines
Au défi des chemins
Au hasard l’on entend frapper au hasard ou crier sans raison.
Les ponts respirent
Et les baisers sont à l’image des reflets.

Au fond de la lumière
A la surface de leur lumière
Les yeux se ferment
Les berceaux – les paupières – des couleurs obscures
Les cloches de paille des étincelles
Le sable tire sa révérence
Aux cachettes des oasis. 
Sans univers à ses pieds nus
L’oubli – le ciel – se met tout nu.

Les étoiles ont pris la place de la nuit
Il n’y a plus que des étoiles toutes les aubes
Et la naissance de toutes les saisons du sommeil
Le visage des mains inconnues qui se lient
Vies échangées toutes les découvertes
Pour animer les formes confondues
Claires ou closes lourdes ou toutes en tête
Pour dormir ou pour s’éveiller
Le front contre les étoiles. 

Sources – Chantiers, réédition sous la direction de Daniel Fabre, Garae Hésiode – Jean-Michel Place (1987) ; Paul Eluard, Lettres à Joe Bousquet, Les Editeurs Français Réunis (1973) ; Paul Eluard, Œuvres complètes tome I, Bibliothèque de la Pléiade (1968) ; Pierre Cabanne, La chambre de Joe Bousquet, enquête et écrits sur une collection, avec la collaboration de Yolande Lamarin pour l’inventaire de la collection Bousquet, éditions André Dimanche (2005).

« Un amour infini comme le ciel… »

Joe Bousquet
Marthe Marquié

Marthe. De son nom : Marquié. Epouse Maux dont elle est en train de divorcer lorsqu’ils se rencontrent. Pour elle, pas de « Petite Fumée », de « Princesse abricot », pas non plus d’« Iris » ni de « Blanche par amour », pas davantage de « Poisson d’or », aucun surnom masquant une identité : dans les écrits et correspondances de Bousquet, Marthe est Marthe. Seulement l’Etrangère, titre provisoire d’un livre qui s’écrit dans la douleur des commencements. Qui s’écrit et ne s’écrit pas. Ou alors par bribes. Fragments d’amours et regrets. 

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Marthe qui est Marthe et restera toujours Marthe n’est pas la moins mystérieuse des passantes de Joe Bousquet. Elle est la première. « Le seul témoin de mes plus belles années ». Ils se sont connus en 1917 à Béziers. « Je revois une salle de théâtre pendant que l’on jouait Werther. D’un fauteuil où j’étais assis, je regardais dans une loge une jeune femme étincelante. Je n’osais pas espérer qu’elle jetterait les yeux sur le petit aspirant qui était là pour deux jours, je ne savais pas qu’elle serait à moi, et puis qu’elle me ferait mourir ». Ils échangent leur premier baiser dans la rue, « près de la charrette oubliée ». Se donnent l’un à l’autre. Histoire banale d’une rencontre furtive dans un temps qui exige de vivre vite ? La suite est d’une tout autre facture.

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Si l’on en croit Joe Bousquet – comment faire autrement, en l’absence des lettres d’elle, vouée au silence éternel, voix brûlée ? – Marthe est à l’origine de la blessure qui, le 27 mai 1918 à Vailly-sur-Aisne, lui a ôté l’usage de ses jambes. « C’est poussé par mon chagrin d’être obligé de t’écrire que je te quittais, que je me suis exposé sottement ». Que s’est-il donc passé de si terrible ? Le 24 mai 1918, trois jours avant l’attaque, « tu m’as écrit, au front, que ton père savait tout, qu’il t’avait battue, qu’il fallait que je lui écrive mes intentions ». « Cette jeune femme (…) m’écrivait que tout était perdu, son père ayant lu mes lettres et qu’il ne me restait plus, si je l’aimais, qu’à rendre publique mon intention de l’épouser. Il me fallait ce réactif pour comprendre que j’étais peu fait pour partager sa vie », confirme Bousquet à Carlo Suarès treize ans plus tard. Si Bousquet est « resté debout » sur le plateau de Brenelle cerné d’Allemands « quarante fois plus nombreux que nous » et pris sous « un feu très violent », c’est qu’il préféra la mort aux affres des ruptures amoureuses. « C’est dans l’impossibilité où j’étais alors d’imposer ma volonté à l’obligation de vous quitter salement que je préférais la mort. (…) Je ne vous ai pas dit que j’avais cherché la mort. Je ne l’ai pas évitée, simplement, et je suis resté debout ». Les mêmes mots, à Carlo Suarès : « Et alors, j’ai compris que c’était fini et je suis resté debout ». Les faits sont têtus. « Je pouvais éviter cette blessure (…) en me couchant sur le champ de bataille », précise-t-il encore à l’adresse de Marthe. C’eût été, en effet, le geste naturel d’un militaire rompu aux situations extrêmes. « Mais je sentais confusément que je n’avais pas le droit d’être lâche parce que j’avais une marraine si belle et si blonde ». Et toujours dans la même lettre : « J’ai la conscience obscure qu’il fallait que cela soit ». 

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Joe Bousquet est arraché à sa vie militaire par un acte aussi insensé que désespéré. De la guerre, il connaît le feu. Avec Marthe, c’est d’un autre feu qu’il brûle. Celui de l’amour. « Tu ne comprends pas de quelle façon je t’aime, si violente, si ombrageuse, et si exclusive ». « Je t’aime à la folie et je te jure que je t’aimerai toujours ». « Toute mon âme est pleine de toi ». Avec Marthe, il donne chair à ses sentiments passionnés. Il devient écrivain : « J’ai souvent rêvé que sous la dentelle vague des ormeaux bercés par le murmure de la rivière, j’embrassais de mille petits baisers la place chaude et douce que tu livras un soir à mes lèvres comme une corolle frileuse ». 

En 1921, Bousquet naît à l’écriture. Il travaille. Réapprend le grec. Lit Baudelaire. Verlaine. Les philosophes. Nietzsche. Schopenhauer. Platon. Aristote. Marthe participe de cet élan. Elle est à la fois celle qui a fait mourir et celle par qui viendra la nouvelle naissance. « Je travaille toujours à la Très véridique histoire de Marthe l’Etrangère. J’y mets tout ce que j’ai de meilleur en moi : les souvenirs que tu m’as donnés ». Ce manuscrit s’est d’abord intitulé Marthe l’Etrangère. « Cela se passe au XIVe siècle, exactement en 1355, pendant la guerre de Cent ans : mon héros (…) est amoureux d’une femme blonde dont on ignore tout ». Il s’agit d’un conte médiéval qu’il peine à terminer. Il publiera en 1930 une version remaniée de « cet enfant de nous » sous le titre La Fiancée du Vent qui n’est pas sans rappeler Marthe, cette « fiancée » que Joe Bousquet a regardé s’envoler. « Toutes les histoires d’amour finissent mal ».

La Fiancée du Vent a fait l’objet d’un numéro spécial de la revue Chantiers créée en 1928 par Joe Bousquet et ses amis carcassonnais avec le parrainage de Paul Eluard.

Plusieurs fois, dans la période 1920-1924 où se concentre l’essentiel de leur relation épistolaire, les amants se séparent puis se rapprochent à nouveau. Joe Bousquet est jaloux. Marthe est de cette « beauté convulsive » dont André Breton parle dans L’amour fou. Dans les lettres, la jalousie agit comme un poison. Le blessé cherche à blesser. « Jamais tu n’as compris mon cœur ». « Que de regards me seront dérobés, et de sourires sans doute, et de baisers, peut-être… Et de baisers oui ! car je n’ai pas la vaine fatuité de croire que mes seules lettres auront le pouvoir de me garder ton cœur. (…) Jamais tu n’as été vraiment à moi (…) tu as gardé caché à mes yeux (…) un coin entier de ton âme ». En janvier 1921, le ton monte. « Tu te paies ma tête et j’en suis effroyablement vexé ». Jusqu’à la rupture : « Voici bien la dernière lettre que je t’écrive. (…) Autant finir d’un coup ». Huit jours plus tard, il se rétracte : « Je t’aime, tu vois, je t’aime comme un imbécile ».  C’est qu’elle le révèle à lui-même. « Je m’ignorais avant de te connaître ». Elle l’inspire. « Ton corps est pour moi un poème d’amour et d’harmonie ». « Je voudrais trouver, pour te convaincre, (…) des mots simples et vrais ». « Je t’aime (…) Je m’en aperçois aux pages que j’écris de mon livre et où sans cesse ton ombre vient rôder ». L’image de Marthe, toutefois, s’estompera jusqu’à disparaître du texte de La Fiancée du vent où ne subsiste que sa chevelure d’or sous les traits d’Azolaïs de Mandirac. L’amour, fût-il « infini comme le ciel », ne dure pas. Bousquet lui demande tout. « Je cherche la raison magique de cet absolu qu’est la destinée ». C’est trop. Il le sait. En accepte le prix. « Quand tu t’en iras vers la vie heureuse loin de moi, (…) quelque chose restera dans mon cœur et que l’autre n’aura pas ». Cet autre, l’ennemi juré, le rival. Il devra se façonner un double pour lui survivre. 

« Toute mon âme est pleine de toi ».

« J’ai des fagots d’alexandrins tous rimés pour toi (…). Je les avais écrits comme je venais de te connaître » : Marthe est au cœur du processus de transformation qui se met en marche après la blessure. D’autres, bientôt, amplifieront ce mouvement : François-Paul Alibert, Paul Eluard, Louis Aragon, Max Ernst… Il reste qu’en 1921, rien n’est encore assuré : « Le travail dévore mes journées. Mais ce n’est pas là ma vie, celle que j’avais rêvée ». Ici est posée pour la première fois la question qui ne cessera de revenir dans l’œuvre future : comment devenir celui que je suis ? Pour y parvenir, Joe Bousquet a dû se défaire de la guerre et de Marthe. La première resurgira convulsivement dans les livres, tels les spasmes qui provoquaient dans ses jambes malades d’horribles tremblements. La muse, quant à elle, se change en souterraine pour permettre à l’amour de renaître dans d’autres mots dédiés à d’autres passantes. Elle est désormais noir de source. 

En attendant cette transmutation poétique, « le seul art d’écrire ma pensée et de l’habiller de phrases harmonieuses me permettra de vivre toujours près de toi et de t’aimer encore ». Ecrire dans le perdu : et si cet espoir, aussi fou que l’amour qui l’a suscité, n’avait pas été totalement déçu ?

13-16 juillet 2018

Sources – Joe Bousquet : Lettres à Marthe (Gallimard, 1978) ; Lettres à Jean Cassou (Rougerie, 1970) ; Lettres à Carlo Suarès (Rougerie, 1973) ; Journal Dirigé, Œuvres romanesques complètes tome III (Albin Michel, 1982).