pour Jaume Saïs

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La photographie : « cette rencontre si mémorable du Temps et du Beau ». Là est sa magie. Son mystère.
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Pour percevoir un paysage, nous devrions nous arrêter devant, ce que nous faisons rarement dans le monde pressé. Le photographe le fait pour nous.
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Il rampe, s’accroupit sur le rebord d’une rive, dans un sous-bois, tous lieux qu’il affectionne. Il lui a fallu parfois accomplir plusieurs heures de marche patiente pour parvenir au lieu où son regard le guide. Dans quelque écart, le voici à l’affût, hésitant, retenant son souffle, immobile, comme statufié, en attente du geste ultime. Le grand déclenchement.
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« bientôt les yeux n’auront plus besoin des mains »
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L’instant ne laisse pas de trace. Il est comme des mots qui s’envolent, oiseaux affamés d’horizon, d’air pur, de liberté.
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Lors de chacune de ses sorties photo, Jaume Saïs glane du temps et du beau. Il cueille sans l’abîmer ce vivant si fragile et qui demande grâce au murmure des sources.
Dans ses photographies, quelque chose se donne à voir de magique. De mystérieux. Comme une image tairait son nom. C’est du temps en allé. Hors du temps.
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Texte écrit pour l’exposition des photographies de Jaume Saïs, « Rendez-vous avec le bruissant », à l’espace des arts du Boulou (Pyrénées-Orientales ; 8 mars-29 avril 2023).
Sources : Denis Roche, La montée des circonstances, éditions Delpire ; Paul Eluard, citation extraite de Jongleur, poème recueilli dans Les nécessités de la vie, Œuvres poétiques complètes, Bibliothèque de La Pléiade).
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