Catégorie : Poèmes

Halo

Elle, si pauvrement vêtue, courbée en direction du sol que, faute de sarcleuse, elle racle rageusement de ses ongles noircis. La terre, la vie, sont dures. Leur peau craquèle tant il a oublié de pleuvoir. Crevasses, ornières, tout concourt au démantèlement. 

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La maison, longtemps, m’est demeurée mystérieuse. Pour accéder au seuil, il aurait fallu une échelle disposée à l’extérieur, contre la façade, mais rien ne dit qu’un tel dispositif  existait de mon vivant. J’ignore comment nous pénétrions par la porte d’entrée telle que je l’imagine, flottant dans l’air, n’ouvrant sur rien à moins que ce fût sur un vide. Ce souvenir m’assaille. Je n’en dors plus la nuit. De vide je ne revois que le ciel quand il s’assombrit et dont le peuplement d’étoiles accentue la profondeur. 

J’ignore comment nous pénétrions par la porte d’entrée telle que je l’imagine, flottant dans l’air, n’ouvrant sur rien à moins que ce fût sur un vide.

Dans la réalité, cette façade était pourvue d’un escalier de pierre. Il pourrait en subsister encore une trace, quelque verdeur en ses piliers. Il menait grand train, élégant dans sa redingote de soie bleutée, gilet fleuri, montre de gousset. Allant, venant, de l’allée de gravier jusqu’à la porte ventripotente donnant accès à l’intérieur de la bâtisse dont la masse résiste au temps qui la délave. 

-o-

Ce qui s’est passé naguère derrière ces murs pâles relève de la petite histoire. Elle, la fileuse, vaque le soir à sa fenêtre, enveloppée dans un halo de jadis.

Les temples, les palais vivent dans l’air du soir

24mars2023

parfois
nous heurtons le ciel

nous croyons
aux étoiles

et
nous ne savons pas
quel passant
nous attend

parfois
nous croyons que le ciel
nous évite

et
nous ne savons pas
quelle caresse
nous devine
dans les parfums du soir

18juin2022

Dedans
dehors
il y a du
temps

au cœur
il frappe
bec au carreau

partout
il y a du temps qui
tourne

aile bleue
dans les
plis
noir
corbeau

2mai2022

il pourrait ici régner
paix et silence mais
l’étole qui repose dans les tiroirs du ciel retombe
derrière le mur émietté du monde