Elle, si pauvrement vêtue, courbée en direction du sol que, faute de sarcleuse, elle racle rageusement de ses ongles noircis. La terre, la vie, sont dures. Leur peau craquèle tant il a oublié de pleuvoir. Crevasses, ornières, tout concourt au démantèlement.
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La maison, longtemps, m’est demeurée mystérieuse. Pour accéder au seuil, il aurait fallu une échelle disposée à l’extérieur, contre la façade, mais rien ne dit qu’un tel dispositif existait de mon vivant. J’ignore comment nous pénétrions par la porte d’entrée telle que je l’imagine, flottant dans l’air, n’ouvrant sur rien à moins que ce fût sur un vide. Ce souvenir m’assaille. Je n’en dors plus la nuit. De vide je ne revois que le ciel quand il s’assombrit et dont le peuplement d’étoiles accentue la profondeur.
J’ignore comment nous pénétrions par la porte d’entrée telle que je l’imagine, flottant dans l’air, n’ouvrant sur rien à moins que ce fût sur un vide.

Dans la réalité, cette façade était pourvue d’un escalier de pierre. Il pourrait en subsister encore une trace, quelque verdeur en ses piliers. Il menait grand train, élégant dans sa redingote de soie bleutée, gilet fleuri, montre de gousset. Allant, venant, de l’allée de gravier jusqu’à la porte ventripotente donnant accès à l’intérieur de la bâtisse dont la masse résiste au temps qui la délave.
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Ce qui s’est passé naguère derrière ces murs pâles relève de la petite histoire. Elle, la fileuse, vaque le soir à sa fenêtre, enveloppée dans un halo de jadis.