Phrag/mes

« Nous courons dans l’incendie du monde » – René Nelli


Suite alpestre (9/11) | Vertu de la montagne

La Chartreuse du Reposoir. 15 h 01.

Vendredi 15 août | Vers la Tête des Bécus

Fiche technique – Levés 8 h 15. Départ 9 h 15 en direction des hameaux de Saint-Bruno (1236 m) et de Malatrait (1325 m) après avoir franchi le col de la Colombière. La randonnée du jour nous conduit à travers bois vers La Cha (1525 m). Tentons ensuite la montée vers la Tête des Bécus (1907 m) mais renonçons au débouché sur le pierrier. Retour par La Forclaz (1320 m) et Planzury (1100 m). Distance totale parcourue : 15,47 km. Dénivelé total : 891 m.

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La deuxième de nos randonnées sportives après celle du lundi 11 août à la Tête des Annes et aux Monts Pelés. N’ai-je pas été présomptueux dans le choix de l’itinéraire ? Péché d’orgueil ? La montagne ne ment pas. Elle vous remet toujours à votre juste place. C’est là sa vertu. Parvenus dans le pierrier situé au-dessous de la Tête des Bécus qui est l’un des sommets de la chaîne du Bargy, nous avons préféré renoncer. Les jambes ne suivaient plus pour franchir cet obstacle et la descente, par la suite, s’annonçait périlleuse sur un sol instable face à un précipice assez vertigineux. Nous ne verrons aujourd’hui ni bouquetins ni chamois. C’était entre autres le but de la journée. Mais rien ne dit que nous en aurions observé si nous étions parvenus jusqu’au sommet. Redescente prudente. Déjeuner composé de sandwiches jambon-beurre, compote et café. Nous aurions pu rentrer par le même chemin vers Saint-Bruno mais comme nous avions du temps, nous avons choisi la grande boucle par la Forclaz et Planzury. Heureusement, nous avons marché sous les ombrages d’une forêt splendide et généreuse. La température excessive à cette altitude gâche le plaisir et crée des difficultés là où il ne devrait pas y en avoir. A l’avenir il faudra se rendre à la raison. Le réchauffement est devenu en peu de temps une constante de nos climats. C’est rageant mais nous sommes condamnés à nous adapter. La balade ne reste pas moins belle jusqu’à l’arrivée au-dessus du village du Reposoir et la vue saisissante sur sa Chartreuse. Fondé en 1151 par Jean d’Espagne, ce monastère est bâti selon l’architecture classique des chartreuses. Le site dégage une impression d’harmonie et communique un sentiment de paix. Harmonie poétique et religieuse, aurait écrit Lamartine qui non loin d’ici, à Tresserre, au-dessus d’Aix-les-Bains, composa son célèbre poème Le Lac. Aujourd’hui, la Chartreuse du Reposoir est occupée par une communauté de religieuses carmélites. Le retour jusqu’au parking s’effectue par une montée que nous trouvons sévère après celles que nous avons affrontées ! Il est 16 h 30 et il fait 28° lorsque nous prenons la route pour Saint-Jean-de-Sixt.

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Noms des lieux-dits traversés – Saint-Bruno, Malatrait, Fontaine Sallaz, La Cha, les Charabias, les Chables, la Forclaz, La Fromentière, Bellegarde, Planzury, La Palmette, Lédevier.

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Une curiosité | L’homme qui dort

Dirait-on point qu’il dort ? Arbre et rocher. Vers Les Chables. 14 h 41.

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Résistances (2) – En conclusion de son livre-témoignage, le résistant FTP des Glières, Constant Paisant, met en lumière « le pluralisme et l’unité de la Résistance » comme éléments déterminants dans la victoire et le rétablissement de la démocratie en France après la dictature de Vichy. Ecoutons-le. C’est une leçon d’histoire.
« La Résistance était pluraliste. Il y a bien eu de vingt-cinq à trente mouvements, organisations ou réseaux, opérant dans la même optique : le refus de l’Occupation ou du régime de Vichy. C’est une des réalités de la Résistance. (…) Les deux organisations militaires qui ont dominé dans le département (Haute-Savoie), l’AS (Armée secrète) et les FTP (Francs tireurs partisans) sont restées plus ou moins autonomes jusqu’en décembre 1944, trois mois après la Libération, lors de la reconstruction des unités de la nouvelle armée. Ceci, malgré l’existence des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) censées regrouper tous les combattants (…) Mais cela n’a pas empêché que l’action des groupes de maquisards se coordonne à différents niveaux. Ce pluralisme et cette unité d’action, a priori contradictoires, sont les deux caractéristiques de la Résistance. En Haute-Savoie, elles n’ont pas nui à la réalisation des objectifs essentiels. (…) Je ne savais pas, lorsque j’étais dans les maquis de Haute-Savoie, que mon avenir se forgeait et allait se réaliser par la volonté de ces hommes de la Résistance, capables de concevoir dans la clandestinité ou même dans l’horreur des camps d’extermination une société plus juste et plus humaine. Enfin, si l’action militaire et politique de la Résistance a permis de recréer la souveraineté de la France, son pluralisme a été l’élément déterminant du rétablissement de la démocratie ».

Constant Paisant, J’étais Franc-tireur partisan aux Glières, édité par l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance,
janvier 2017.

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Cartes postales

Chemin vert. En montant vers La Cha. 10 h 49.
Chalet. Hameau de La Cha. 11 h 21.
Au second plan, la chaîne des Aravis vue de La Cha. 11 h 28.
Chemin sous-bois. En descendant vers la Forclaz. 14 h 37.
Le Reposoir 14 h 58.
Rigueur et esthétique, ou l’amour du travail bien fait. 15 h 01.
Aux confins de la chaîne des Aravis. 15 h 12.