
Dimanche 17 août | Sous la protection du Mont Charvin
Fiche Technique – Levés 7 h 30. Départ 8 h 30. Au col de la Croix Fry (1467 m) à 9 h pour une montée vers le col de Merdassier par L’Andran (1496 m) et retour. Distance totale parcourue : environ 10,5 km. Dénivelé total : 222 m.
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Matinée très tranquille. La montée vers le col de Merdassier depuis le col de la Croix Fry ne présente pas la moindre difficulté. Nous marchons sous la haute protection du Mont Charvin qui culmine à 2528 m. Imposant. Majestueux. Il domine le paysage de son autorité rocailleuse. Parvenus au col de Merdassier, dont le nom désignerait un lieu boueux, nous nous frayons un passage au milieu des bâtiments de la station de ski de l’Etale et montons en direction de la retenue du même nom. Il s’agit d’un bassin de rétention d’eau mis en service en 2007 pour la fabrication de neige artificielle. Car nous sommes ici entourés de remontées mécaniques. L’Etale est un vaste domaine skiable situé au-dessus de La Clusaz. Un paradis de la glisse, certainement moins paradisiaque en termes d’écologie et de respect du vivant. Déjeuner sur le chemin du retour, au-dessus des Etages. Au menu : salade de semoule, ratatouille et œufs durs. Compote. Café. Demain, nous monterons jusqu’au Belvédère situé sous la pointe de Merdassier d’où, si le ciel n’est pas nuageux, nous aurons une vue sur les Aravis et le Mont-Blanc. Un changement de météo est annoncé à partir de mardi. Averses orageuses et pluie en perspective. Demain pourrait donc être la dernière sortie de notre séjour qui se terminera vendredi. L’heure est aux adieux. La sonate éponyme de Beethoven est une merveille de la littérature pianistique. Les températures redeviennent peu à peu supportables pour la saison. Croisons les doigts pour que lundi soit une belle journée !
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Noms des lieux-dits traversés – Col de la Croix Fry, Sous les Rosières, L’Andran, Grand Crêt, Tête de la Capieu, col de Merdassier, Alpage du Laquais, Les Etages, Merdassier.
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Corbières (histoire d’un livre) – En 1973, le poète Jean Lebrau fait paraître à la librairie Guénégaud, 120 rue de l’Odéon à Paris, un ouvrage d’art intitulé Les Corbières avec vingt-cinq planches dessinées par l’artiste Marcel Bonnéric dont Dunoyer de Segonzac avait fait l’éloge en ces termes : « Vos dessins sont évocateurs d’une région rude, très belle. Ceux que je trouve les plus beaux sont ceux où l’architecture se marie avec la grandeur des paysages… »
Le livre, composé en Méridien corps 14, a été imprimé ainsi que les illustrations sur les presses de l’imprimerie F. Paillart à Abbeville en octobre 1973. Il a été tiré à 435 exemplaires : 35 sur Velin blanc de Hollande dont 25 numérotés de 1 à 25, comportant chacun un dessin original de l’artiste, 10 hors-commerce et 400 exemplaires sur Velin Arches. Voici, pour le plaisir de lire, le texte de Jean Lebrau intitulé Bergeries, celles-là même qui, abandonnées ou transformées en résidences secondaires inhabitées les trois quarts de l’année, font si cruellement défaut aujourd’hui. Dans ce texte, Jean Lebrau rend hommage à un autre poète des Corbières, Henry Bataille.


« Bergeries. Au moins autant que les cyprès, leurs compagnons habituels, elles donnent aux paysages des Corbières leur aspect typique. Elles étaient toutes abandonnées mais, depuis quelques années, ces ruines s’achètent à prix d’or. C’est bien regrettable car on les aimait ainsi, presque toutes dans des solitudes pierreuses : voûtes romanes, un puits parfois, de petits murs écroulés qui délimitaient l’enclos. Oui, on les aimait comme des aïeules et le vent y réveillait les échos des sonnailles d’antan sans qu’en fut troublé le sommeil de la chouette dans quelque trou de muraille. Le poète Henry Bataille qui, dans son enfance, accompagnait sur le mont Alaric le troupeau familial traduit bien, dans un de ses poèmes, l’impression que l’on peut ressentir à la vue de ces bergeries :
J’ai le regret du temps des pâtres, des vieux pâtres
Qui s’asseyaient dans les montagnes, des années,
Gardant au coin du cœur la tendresse de l’âtre
Et j’aurais eu les cigales abandonnées
Et la lune lente et la neige pour amies… »
Source pour la citation de Dunoyer de Segonzac : « En Languedoc, les peintres des Corbières », article de Jean Lebrau paru dans la Revue des deux Mondes en juin 1974 et dans lequel il rend compte, en conclusion, de la parution de l’ouvrage Les Corbières illustré par Marcel Bonnéric.
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Cartes postales





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Lundi 18 août | Des gens heureux

Fiche technique – Levés 8 h 15. Départ 9 h 30 en direction du col de la Croix Fry (1467 m), notre point de départ. La randonnée du jour consiste en la montée vers le Belvédère de Merdassier (1980 m) et retour par le même itinéraire. Distance totale parcourue : 13,9 km. Dénivelé total : 519 m.
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La météo change à partir de demain. Pluie et averses orageuses annoncées jusqu’à vendredi, jour de notre départ. La randonnée d’aujourd’hui est donc la dernière. Il fallait terminer en beauté ! L’ascension vers le Belvédère du Merdassier se mérite. Elle est longue (6,51 km) et offre des portions très pentues. Mais la température est convenable et nous pouvons sans difficulté marcher à découvert. La fraîcheur de la brise d’altitude atténue les effets des rayons d’un soleil généreux. Nous prenons très vite de la hauteur. Face à nous, la pointe de Beauregard (1644 m) et son plateau environnant que nous dominons bientôt. Mais celle qui nous montre le chemin est l’Aiguille de Borderan (2492 m) que nous ne quittons pas des yeux. Elle nous accompagne de sa puissance. On imagine à sa vue quelle force herculéenne s’est déployée au moment du basculement de cette montagne. C’est là affaire de géants ! La vedette, une fois arrivés au Belvédère, sera bien sûr le Mont-Blanc qui règne encore ici en maître et que désigne l’Aiguille dont nous venons de parler. Aujourd’hui, on repère facilement à la droite du Père l’Aiguille Verte, l’Aiguille du Midi et les Grandes Jorasses. Spectaculaire ! Nous prenons la photo d’une famille qui voit le Mont-Blanc « d’aussi près » pour la première fois. Une autre d’une toute jeune adolescente qui, en compagnie de sa grand-mère et de sa sœur, n’était jamais montée aussi haut. C’était pour elle une sorte de baptême. Une journée qu’elle n’oubliera pas. C’est fou ce que la montagne émerveille ! Et beau à voir, des gens heureux. Nous déjeunons juste en dessous du Belvédère, adossés au chalet d’arrivée du télésiège. Au menu : salade de coquillettes, avocat, champignons et thon. Compote. Café. Prêts pour l’ultime descente. Si nous avons préféré une sente lors de la montée, nous choisissons cette fois de suivre la piste qui n’offre pas un parcours beaucoup plus facile en raison d’un sol caillouteux instable. Arrivée aux Etages. Il reste une ultime demi-heure de marche tranquille dans un sous-bois et nous serons de retour au col de la Croix Fry où nous attendent glace et limonade à la terrasse des Rosières, le café-hôtel-restaurant du col.
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Noms des lieux-dits traversés – col de la Croix Fry, Merdassier, les Etages, Alpage du Laquais.
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Cartes postales






En guise d’adieu


