Un poème par jour pendant le Marché de la poésie qui se tient place Saint-Sulpice du 18 au 22 juin 2025.

I – Nuit nue maintenant

Ne sais plus où tu vas
Un trait de lumière encore
Incendié de soleil en moins
Tu marches à contre-jour

Ne dis rien
Une rumeur dans le ciel
Et c’est l’attente de l’aube déjà

Mourir n’a pas de sens
Alors que vivre dans l’
Ivresse
Nous tient
Te voilà
Entre les plis du jour et le dos de la
Nuit
Attentive
Ne pense rien
Tout est si peu et nous suffit

-o-

-o-

II – Dessins de l’instant dans l’espace

Depuis l’origine
Et sans repère
Sommes à vif
Si
Inertes que
Nos corps prennent froid
Sur le tard

Dehors
Emmurés

Lentement nous
Imitons la
Nuit
Sans savoir
Tenus à l’écart
Ancrés
Nus
Traversés par la roue du temps

Dire que la vie nous sépare
Alors que nous étions
Nés l’un de l’autre
Sans laisser trace dans la neige

L’éphémère
Est notre présent
Sur le chemin
Pas à pas nous allons
Avec des mots
Contre
Encore illisibles pourtant

-o-

Les vers qui donnent leurs titres aux deux poèmes et se lisent en acrostiche sont extraits de Lettres Verticales, recueil de Bernard Noël paru aux éditions Unes (2001).