Un poème par jour pendant le Marché de la poésie qui se tient place Saint-Sulpice du 18 au 22 juin 2025.

pour Bernadette et Jean, mes éditeurs magnifiques

Tel – sous nos yeux – un abîme
de silence et de marbre
le spectacle sidérant de l’univers
plus infini que nos désastres

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Demander la Lune ? Non !

Seulement caresser les courbures de la vieille et fidèle compagne des pâtres,
routiers, capitaines,
comme vols de gerfauts entrés par réfraction dans sa lumière
et suivre
en sa trajectoire héliocentrique
la fille putative de Théia

loin des siècles

-o-

Que demander à la Lune ? Rien !

Sinon peut-être
par un trou de serrure
contempler
les corps des gisants devenus pierre
leurs visages
et la sidération dans le regard des affamés

La misère en bandoulière autour du cou coupé des parjures

-o-

-o-

Le jour où Neil Armstrong foula le sol lunaire
– juillet brillait dans le parfum des blés –
nous étions des enfants devant nos postes de télévision
incrédules
traversés par un sentiment diffus
mâtiné d’émotion, de trouble et d’inquiétude

Puis au cœur de la nuit
– comme toutes les nuits, blessée –
parce qu’il n’était plus question de se rendormir
nous nous dressâmes
tête-bêche
gorge sèche et
bouche bée
les yeux rivés sur le croissant dont la face cachée menaçait de nous perdre
puis nous laissa au bord du ciel
contemplatifs
devant la merveille du monde

-o-

Et depuis, chaque soir

Au calme clair de lune triste et beau de Verlaine
Nous inventons un ciel picoté par les blés
Rimbaud serre ta main et ma main dans la tienne
Nous allons tête nue fouler l’herbe des prés

(esquisse le mardi 11 mars / révision le mercredi 12 mars / terminé le jeudi 13 mars 2025)

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Ce poème est publié dans le livre collectif Demander la lune édité par les éditions de l’Amourier à Coaraze (Alpes Maritimes) pour célébrer le trentième anniversaire de leur création. Il est en vente sur le site de l’éditeur.