j’écris pour toi
une chose sans nom

il y a un monde
au fond de tes yeux
un monde
qui ne dit pas qu’il est le monde
ou ne l’ose

tu partiras
les yeux ouverts
sans rien savoir
de cette chose

ton ombre
à portée de main
dans un parfum
de bois de rose

si dissemblable
si gauche
les yeux cavés
les bras
étirés comme de vieux linges
sur un fil d’étendoir
ils ont peine à te reconnaître
ils ne savent pas où ils vont

ils dévaleront la colline
avec en bouche
un goût de sel

avec en bouche
un goût de batailles perdues
ils dévaleront les montagnes
en quête de mélancolie

Que dire
aux objets qui
m’épient

Que dire aux
visages gravés dans
le bois
où se dessine l’indicible
sous les traits du silence

Et que dit
de mon rapport au monde
ce monticule hétéroclite
qui me retient rue de Charonne
comme un enfant devant un cirque