Dans un entretien accordé au journal Le Monde en 1973, Roland Barthes expose les règles qui régissent son activité scripturale.
Elles sont de trois ordres :
- 1) les instruments graphiques et les supports
stylos de préférence plume / il dit en changer souvent (achats compulsifs) / les feutres s’épaississent trop vite / la bille Bic est exclue
les supports : il n’en est pas question dans l’entretien mais nous savons que Barthes établissait des fiches dont les dimensions correspondent à une feuille A4 découpée en quatre parties égales
- 2) le lieu d’écriture
à son domicile parisien, Barthes travaille dans sa chambre à coucher où sont aménagés trois espaces dédiés à chacune de ses activités :
espace 1 – le bureau, lieu du travail d’écriture
espace 2 – le piano pour la pratique musicale
espace 3 – un endroit pour « barbouiller » dit Barthes parlant de son activité de « peintre du dimanche » toujours selon expression

Fiches de travail de Roland Barthes – reproduites dans Roland Barthes, par Tiphaine Samoyault, éditions du Seuil, 2015.
- 3) le temps des activités
Ecriture : le matin de 9 h 30 à 13 h
Musique : l’après-midi à 14 h 30 (Barthes précise ailleurs qu’il joue du piano environ une demi-heure par jour)
Peinture : « environ tous les huit jours »
- Les deux temps de l’écriture
Enfin, Barthes décrit le procès d’écriture qui se déroule en deux temps :
- « la pulsion graphique » désigne la phase d’écriture manuscrite qui produit un « objet calligraphique » (lequel n’est pas encore supposé être le livre)
- « le moment critique » du passage de l’objet calligraphique à l’objet typographique qui produit un texte dactylographié en vue du livre. Il s’agit d’une phase de transformation capitale car sa visée est clairement la mise en forme et la production du livre
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Source : entretien au journal Le Monde, 27 septembre 1973.
10 avril-13 mai 2020